• Voyage d'Yvinec - Au Groenland

    Voyage d'Yvinec - Au Groenland

    Les fidèles du blog se souviennent sans doute de Guirec Soudée et de sa poule Monique qui ont entrepris un grand voyage sur les mers.
    Sinon, Les aventures de Guirec et Monique, suite et sûrement pas fin vous conseille d'aller voir et aussi ...

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    Actuellement, Guirec est (volontairement) bloqué dans un port perdu du Groenland où il compte passer l'hiver arctique. Dans son blog (voyage d'Yvinec), il nous conte une sortie en mer où il accompagne un pêcheur local. Histoire vivante et exemplaire. En voici la narration par Guirec lui-même...

     

    Hello !

    Mon ami Uno porte bien son nom. C'est le meilleur pêcheur du village, voire de la région !
    Alors que tous les autres pêcheurs sont toujours 2 sur leurs bateaux, lui pêche en solitaire. Il a fait une entorse à cette règle et m'a fait l'honneur de m'emmener cette semaine à la pêche. J'ai pu constater qu'il est très compliqué de pêcher dans cette région et qu'il faut être super motivé !
    En ce mois de novembre, Uno pêche près des côtes des sortes de turbots (des halibuts en groenlandais) à 800 mètres de profondeur : après avoir fixé une extrémité de sa ligne à la falaise, il balance à la mer des kilomètres de ligne sur laquelle sont posés 1100 hameçons ! 

    Jeudi dernier donc, Uno est venu me chercher directement sur mon bateau, à 7 heures du matin, pour aller remonter la ligne que nous avions posée la veille.
    À peine monté à bord, Uno a fait tourné son moteur de 225 CV à plein régime. Inutile de vous dire que le froid a immédiatement terminé de me réveiller ! Il faisait -20° et le ressenti devait être autour des -40° parce qu'on filait à 30 nœuds dans une mer recouverte de plaques de banquise... J'ai halluciné de voir toute cette glace alors que la veille, au même endroit, il n'y en avait pas du tout !
    Bien que je savais qu'Uno est un vrai pro, j'étais quand même moyennement rassuré de zigzaguer dans les glaçons à cette vitesse !
    En fonction du type de glace qu'on rencontrait Uno utilisait différentes techniques: il allait à pleine vitesse sur les plaques de banquise transparentes, les plus fines, qui volaient en éclat sur notre passage.
    Par contre dès qu'on approchait de plaques plus solides, blanches, il ralentissait et mettait juste un coup d'accélération pour monter sur la plaque et la briser.

    Son bateau de pêche, qui fait 6 mètres de long, a un fond en V et non pas plat, ce qui lui permet de monter facilement sur la glace. Le poids du bateau finit ensuite de casser la glace pour permettre le passage.
    On devait souvent contourner les amas de glace plus importants, souvent soudés à des icebergs.
    À propos des icebergs, Uno m'a raconté que les pêcheurs s'en méfient beaucoup. Tous les ans, des chutes de morceaux d'icebergs sont fatals pour certains pêcheurs malchanceux. En tombant de hauteurs parfois vertigineuses, ces morceaux plongent dans la mer et ressortent comme des fusées, parfois très loin de là où ils sont tombés et éventrent littéralement les bateaux qui se trouvent sur leur chemin !!! Des morceaux peuvent aussi se détacher de la partie immergée des icebergs, parfois à plusieurs centaines de mètres de profondeur et remonter à la surface à la vitesse de l'éclair. D'autres accidents sont liés aux icebergs qui se retournent subitement, créant des vagues gigantesques...

    Bref, après avoir retrouvé sa ligne, nous avons commencé à la remonter et nous nous sommes vite aperçus qu'elle était emmêlée avec celle d'un autre pêcheur.
    Au lieu de pester contre cette mauvaise surprise, il m'a expliqué qu'il allait devoir, pour la démêler, enlever sur les hameçons des deux lignes tous les poissons...
    Très calmement et méthodiquement, il a trié les poissons sur les centaines d'hameçons, les siens et ceux de l'autre pêcheur (je l'ai aidé évidement, mais il était bien plus rapide que moi !).
    À la fin de cet exercice fastidieux, quand les 2 lignes ont été finalement démêlées, Uno a remis tous les poissons de l'autre pêcheur sur leurs hameçons avant de remettre cette ligne à la mer.
    Devant cette belle preuve de respect, je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'on n'a décidément pas de leçon à leur donner à ces pêcheurs qui travaillent dans des conditions souvent extrêmes
    mais toujours dans le respect des autres !
    J'ai malheureusement trop souvent vu, en Europe ou en Australie des pêcheurs couper purement et simplement les lignes emmêlées dans les leurs...
    Au final, on a remonté 450 kilos de poissons qui finiront dans les assiettes des habitants de Nuuk et du Danemark.

    Monique était restée à bord d'Yvinec ce jour là, ce qui lui a évité de se transformer en glaçon... Par contre, folle de poissons, elle a été ravie de goûter au produit de notre pêche !

    Aujourd'hui, Guirec poste une magnifique vidéo de cette pêche.
    On vous laisse admirer... (Mettez en plein écran, c'est d'une beauté !)


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