-
Capenoules 3
Continuons à découvrir les personnalités membres des Capenoules...
Roger Frézin
Roger Frézin a étudié les arts graphiques à l'école des Beaux-Arts de Lille. En 1957, en réaction contre l’enseignement jugé trop académique et trop figé de l’école, il fonde l’Atelier de la Monnaie avec Pierre Olivier et Claude Vallois. Dans les années 1960, il participe au groupe surréaliste Phases, créé par le peintre Édouard Jaguer. Roger Frézin a également été membre du groupe nordiste les Capenoules. Il a été enseignant à l'école des Beaux Arts de Lille de 1972 à 1989. Roger Frézin était entre autres l'ami du mime Marceau avec lequel il ne manquait pas de se rencontrer à chaque fois que celui-ci se produisait à Lille. (Wiki)
Au sein des Capenoules, Roger Frézin était chargé des illustrations sur les pochettes de disques, collection d'images évidemment un peu lestes dont voici quelques échantillons...
<----------------
Roger Frézin au centre
avec Marco Slinckaert
à sa droite et Raoul
à sa gaucheMimi Ducherloque
Cet article de La Voix du Nord en 2009 ramènera les vieux Lillois (comme Dudu) 50 ans en arrière... Quelle époque !Mimi reine de la nuit, ou la véritable histoire du Sherlock
Outrée par la description faite de son établissement, elle veut rétablir la vérité. Le Sherlock, son night-club du 12, rue de Pas, incendié en 1974, n'était aucunement un « claque ». Micheline Dehertogh, alias Mimi Ducherloque, ouvre la malle aux souvenirs pour ressusciter les grandes heures du Lille nocturne.
Acteur, comédien, la voix de Philippe Clay reste à jamais celle du « M'sieur Clemenceauuu » des Brigades du Tigre . Sa signature est la première du livre d'or de Micheline Dehertogh. Suivent Hugues Aufray, Claude François, Jean-Marc Thibault, Colette Renard, Annie Girardot, les Platters, Pétula Clark, Jean Richard, Bébel, Francis Blanche... ou Lionel Hampton, l'un des géants du jazz. « Celle-là, elle vaut de l'or », se rengorge doucement Mimi en tapotant le paraphe. Sur le papier racorni défile le vibrant panthéon du Sherlock, qu'elle prend à témoin. Son night-club n'était ni un « boui-boui » ni un « claque ». « Celui qui a dit ça nous veut du mal, s'indigne Mimi. Ma mère dormait à l'étage, avec mon fils et ma soeur. » L'avanie a un précédent : Aznavour. « Un type odieux, affirme Arlette, la soeur de Mimi. Il est arrivé en disant : "Elles sont où les filles ?" Mais attendez, c'est pas un bordel ! » Sur la moquette Maniglier du Sherlock se croise, dans les années 60, la crème du showbiz. « Il était bien situé, note Christian, un ami.
À proximité, il y avait le théâtre (à l'opéra) et le cinéma Le Ritz, qui programmait des intermèdes musicaux entre les films, avec vedettes américaines le week-end. »Saint des saints
À l'époque, Christian arrondit ses fins de mois en emballant des journaux la nuit. « Quand j'ai eu assez, j'ai fait faire, chez un tailleur, un costume marron avec chemise, cravate, godasses, pour entrer au Sherlock. Le premier jour, j'avais une sacrée trouille ; J'étais dans le saint des saints. » Au Sherlock, la nuit a une reine. Micheline a racheté le Méditerranée en 1957 avec son époux André. En 1961, ils le transforment et le rebaptisent. On lui donne du Mimi Ducherloque, nom sous lequel elle chante avec les Capenoules, ce groupe patoisant emmené par Raoul De Godewarsvelde. L'ancienne du cours Simon, née en 1926, en même temps que la façade du 12, a du bagout, de l'entregent et du succès. Son paradis pour noctambules, où se succèdent les orchestres (I Trovatori, I Siculi, I Quatro Derby...), constitue une étape incontournable sur la route des fêtards distingués, stars mais aussi habitués.
Comme ce Fernand qui n'aimait rien tant que déclamer du La Fontaine, avec un faible pour Les Animaux malades de la peste.S'il a oublié la peste, ce Lille d'antan n'est pas épargné par la pègre. « Un certain nombre de gens se sont aperçus qu'ici, ce n'était pas les mines », glisse Christian. « Ce sont les Niçois qui sont montés en premier, note Mimi. Mais les voyous, autrefois, avaient un code d'honneur. » Reste que le Sherlock est prié, une fois l'an, d'harmoniser ses tarifs avec ceux de ses concurrents. Une règle de bonne entente. Jusqu'aux réveillons de 1973, affirme Mimi. « On avait décidé de ne pas bastonner les gens qui nous faisaient vivre le reste de l'année. » Pas de hausse des prix, donc. Elle raconte les porte-flingues dépêchés, les menaces proférées. Un an plus tard, à deux semaines des fêtes, le 9 décembre 1974, le Sherlock explose en pleine nuit. Il inaugure une coutume lilloise qui verra, par la suite, d'autres établissements périr par le feu.
Le deuil du Sherlock
Le night-club de la rue de Pas ne se relèvera jamais. « J'étais en deuil, se souvient Mimi.
Je disais "le Sherlock est mort". Et en 1976, mon mari est décédé. » Elle revend le bâtiment deux ans après. Les images et les amis, eux, la suivront au restaurant qu'elle tiendra, pendant quelques années, rue Solférino. Ils demeurent à ses côtés, aujourd'hui, et protestent quand le passé est insulté.
« Lorsque les policiers m'ont interrogée, après l'incendie, ils m'ont dit que dans le milieu, j'étais classée blanc-bleu. » Au-dessus de tous soupçons, dans le jargon. La couleur la plus pure, pour les diamantaires. Blanc-bleu, aussi, les souvenirs clairs de Mimi, et ces yeux vifs encore, qui pleurèrent le soir où Fats Domino joua, à sa demande, Blueberry Hill dans son précieux Sherlock.
La façade du Sherlock, comme un symbole
Prêts pour la photo...Une savoureux entretien avec Mimi en 2010, toujours dans la Voix du Nord :
Mimi n'aime pas les raccourcis. Gare : une femme capenoule n'est, en rien, une Capenoulette. « Les Capenoulettes, c'était Fifine, Thérèse et Ginette, et elles avaient de la chance que je les tolère », chapitre Micheline Dehertogh, faussement sévère. Mimi Ducherloque, c'est une Capenoule, point. En fait, c'est LA Capenoule. « C'était une famille, il n'y en a jamais un qui m'a draguée. Pierre Célie, un jour, a dit " Les Capenoules, c'est une histoire de mecs. " J'ai répondu "Merci ! " Et lui : "Ti, c'est pas pareil. " Ils me considéraient comme un copain. » Ça lui convenait, Mimi. Pas bégueule. « C'était sans doute plus choquant d'entendre une femme dire des choses vulgaires », reconnaît-elle, en traduisant quelques vers des P'tits poils du samedi soir : « Les poils de mon cul, je les ai revendus... » Dans son appartement de La Madeleine, elle chantonne en sirotant un vin d'orange. Comment croire qu'un demi-siècle a filé depuis qu'elle a ouvert, à Lille, le club avec lequel elle allait se confondre, le Sherlock ? Son regard n'a pas pâli depuis cette photo, prise dans un studio parisien, à l'enregistrement de Quand la mer monte. On l'y voit souffler dans un trombone, à côté de Darnal (l'auteur) et Raoul, qu'elle appelle toujours « Francis ». « Ce n'est pas Francis Delbarre qui s'est tué, c'est Raoul de Godewarsvelde », souffle-t-elle. Le suicide du colosse, en 1977, sonne le début de la fin des Capenoules.
L'aventure commence chez Mimi, rue de Pas. Au comptoir de ce Sherlock où se pressent alors les noctambules chics. André Verchuren cherche des chansons en patois. Un ami de la patronne, Robert Lefebvre, se met à écrire. Jack Defer rapplique avec son orchestre. « Ils ont enregistré le premier 45 tours au Sherlock, en une nuit, rappelle Francis Delabre, l'auteur de "Capenoules !". Il s'en est vendu plus de 10 000 exemplaires sous le manteau. » La machine est lancée. Foutraque, improvisée, joyeuse. Les Delbarre, Decubber, Lefebvre, Célie montent à Paris pour graver leurs « folques-songues en patois ». « On ne se prenait pas pour des stars. Un technicien parisien nous a dit "Il faut huit jours à Dalida, vous, en deux heures, c'est fait". On n'en a jamais fait un métier. »
Vénus sortie d'une cabine de plage
Elle a le don de la parole, Mimi. Elle lâche : « J'aurais voulu être une artiste. » Pas une Capenoule, une comédienne. « C'était mon rêve de faire du théâtre. Mon mari l'a gâché en venant me chercher à Paris quand j'étais au cours Simon. Être revenue à Lille, c'est mon éternel regret. Mais j'étais amoureuse... » Le Sherlock comblera ce manque. Il sera son théâtre. « Mon caillebotis, c'était ma scène à moi. J'en avais besoin. » Interprète de Du gris, de Dumont - « Je sens que mon âme s'en ira/Moins farouche/Dans la fumée qui sortira/De ma bouche » -, elle claironnait Baiss'ta gaine Philomène avec les Capenoules. Sur une photo célèbre, ces messieurs en tenue de baigneur n'ont d'yeux que pour Vénus sortie d'une cabine de plage. Son époux tordait le nez. Elle n'aurait arrêté pour rien au monde. Pas même pour lui. « J'étais devenue quelqu'un seule. Je représentais quelque chose. Je n'étais plus Micheline Dehertogh, je n'étais plus la femme de mon mari. J'étais Mimi Ducherloque. »
Michel Célie
Article de la Voix du Nord :
Natif de la Madeleine, près de Lille, Michel Célie, vers la fin de sa vie, vivait rue Lepic à Paris. Une rue dans laquelle se trouvait la maison de production des Capenoules, le label « Déesse », justement. Pour raconter sa vie, il résumait ainsi : « J’ai toujours eu de la chance ».
Adolescent, Michel Célie vit à Mouscron, où sa famille a déménagé : « Ma famille paternelle travaillait le lin, elle avait une entreprise de rouissage dans la vallée de la Lys. Il a été tiré au sort qui s’installerait à Mouscron. C’est tombé sur mon grand-père. » Quand il découvre le théâtre et l’écriture, il sait vite qu’il ne veut pas travailler dans le textile par tradition familiale.
Il crée alors sa troupe, « Les comédiens réunis ». Avec Pierre, son frère, et Robert Lefebvre (un ancien journaliste à La Voix du Nord), ils créent l’émission de télévision « Les copains du samedi » : « À l’époque, il n’y avait que trois chaînes de télévision dans le Nord - Pas-de-Calais mais une seule, la 3, le samedi soir. Les artistes se disputaient pour venir. »
Ces soirées se terminent autour d’un verre, entre amis et en chansons 100 % chti. Les Capenoules sont nés et préparent, en 1966, leur premier 33 tours. Mais ils n’ont pas de maison de disques. Pierre et Michel créent alors le label Déesse. Déesse parce que, quand il a fallu lui trouver un nom, ils partageaient un verre sur la Grand-Place de Lille. « Et ça a marché. Ce premier 33 tours s’est bien vendu. Le premier 45 de Raoul de Godewarsvelde – Tu n’es qu’un employé – a été diffusé tout de suite à la radio. » Le label Déesse a connu d’autres succès, notamment avec le « rital » Claude Barzotti, et avec la « Danse des canards ».
L’aventure des Capenoules se termine avec le décès de Raoul (Francis Delbarre), en 1977. De cette amitié, Michel Célie avait gardé l’habitude de déjeuner régulièrement avec son fils, Arnaud Delbarre, quand celui-ci était directeur de l’Olympia.
Plusieurs amitiés ont marqué sa vie, avec Jacques Brel qu’il avait connu à 19 ans, et surtout avec Bernard Dimey, l’auteur de « Mon truc en plumes ».
Marco Slinckaert
Marco Slinckaert, né en 1943, et mort le 13 décembre 2009, est illustrateur et sculpteur. Il a notamment fait partie de L'Atelier de la Monnaie fondé par l'artiste Roger Frézin.
Illustrateur pour plusieurs entreprises (Philips ou encore Valkeniers à Lomme), il a été l'un des premiers à exploiter le numérique et l'informatique dans ses œuvres. Sa recherche artistique est essentiellement axée autour de « l'incapacité d'accéder et de mettre au réel l'infinitude. Infinitude du temps, infinitude de l'espace, infinitude des nombres. »
Son œuvre la plus emblématique est la sculpture intitulée Fontaine de la Solidarité, représentant un ruban de Möbius qui orne le centre de la place de la Solidarité dans le quartier de Wazemmes à Lille. Inaugurée en 1989 par le président François Mitterrand, cette sculpture de 12 m de long par 7 m de haut est composée de 3000 éléments d'acier inoxydable pour un total de 10 tonnes. L'œuvre a été conçue par ordinateur par l'artiste, puis fabriquée par Inoxi France. Cette œuvre est souvent surnommée « Le Serpent » par les riverains, et la place sur laquelle elle se trouve, le « rond-point du Serpent », qui est devenu un repère géographique important à Lille.Marco Slinckaert était soliste et compositeur au sein des Capenoules. (Wiki)
Jacques Bonnaffé chante Min p'tit s'rin, chanson composée par Marco pour les CapenoulesEt voilà... C'est fini pour les Capenoules...
Quoi ? Les chansons paillardes ? Ah, oui, on avait promis... Eh bien, revenez dans quelques jours...
Tags : Roger frezin, frezin, mimi ducherloque, capenoules, michel celie, celie, marco slinckaert, slinckaert
-
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment
Suivre le flux RSS des commentaires
Vous devez être connecté pour commenter